Du dessin astronomique à l’astro-art
Le dessin est la plus ancienne méthode de représentation utilisée par les astronomes. Il y a quelques dizaines de milliers d’années, Il est probable que les premiers hommes reproduisaient le ciel et ses phénomènes sur des objets taillés et des peintures rupestres.
Aujourd’hui cette activité parait être détrônée par la photographie, mais il n’en est rien car elle est toujours utilisée à titre scientifique mais aussi amateur.
Une activité accessible à tous
Moins onéreux que la photo puisqu’il suffit d’un crayon, une gomme et de papier. Et pour les observations irréalisables à l’œil nu des jumelles, voir une lunette.
Il n’est pas nécessaire de savoir bien dessiner. Un gabarit permettra de positionner précisément les éléments de votre dessin. Téléchargez les gabarits de dessin astronomique de la SAN (Société d’astronomie de Nantes) au format PDF, pour dessiner le soleil, les principales planètes et les nébuleuses brillantes.
Vous pouvez commencer par tenir un journal de bord de vos observations nocturnes avec par exemple la date et l’heure, les conditions météo, le matériel utilisé, les éléments examinés et un petit crobar pour les représenter. Cette pratique vous permettra de mieux progresser, de relocaliser plus facilement les objets et de noter des évènements inhabituels.
Apprenez à faire votre premier dessin astronomique ...
Dessiner le soleil
Depuis Galilée les astronomes dessinent le soleil. Il y a dans le monde trois observatoires ou des scientifiques font tous les jours des relevés précis de notre étoile en traçant à la main des cartes synoptiques. Ils sont rejoints par des amateurs qui apportent utilement leur contribution.
Ces cartes, semblables à celles utilisées en météo montrent à un moment donné différentes caractéristiques et phénomènes de la surface solaire : les régions actives, Les taches solaires (photosphère), les filaments constitués de plasma (chromosphère), les lignes neutres (frontière entre les polarités magnétiques) …. Elles sont des outils précieux pour comprendre comment notre astre évolue, et mieux connaitre ses répercussions sur la Terre.
Un exemple de carte synoptique
Vous pouvez rejoindre un des projets de sciences participatives en envoyant un email au SILSO (Sunspot Index and Long-term Solar Observations) de l’observatoire Royal de Belgique puis transmettre vos observations. Michel Deconinck se fera surement un plaisir de vous guider, voir ci-après.
Attention l’observation du soleil peut être une activité dangereuse. Il est indispensable d’équiper sa lunette ou son télescope d’un filtre solaire pleine ouverture. Vous trouverez d’autres méthodes dans la présentation du club d’astronomie de Frouville QUASAR 95
Peindre le ciel
crédit image: Michel Deconinck
Michel Deconinck allie (au moins) deux passions l’astronomie et l’aquarelle. Il est spécialiste de « dessins astronomiques » et publie dans différentes revues. Depuis tout petit il aime dessiner et Il s’est passionné très jeune pour l’Astronomie en suivant les débuts de la conquête spatiale. Tout en menant des études d’ingénieur en science nucléaires, il participe aux activités du Cercle Astronomique de Bruxelles. Et se lance dans l’astrophotographie en argentique.
Aujourd’hui, pour réaliser ses dessins et aquarelles il travaille à l’oculaire, avec simplement une lunette et du papier et des crayons. Mais il adapte les techniques en fonction des objets observés.
Par exemple, il utilise le crayon et l'estompe sur papier blanc pour les dessins en noir et blanc avec nuance de gris et l'encre de chine. A l'aquarelle, comme il le faisait en photo argentique, il travail « en négatif » en inversant les couleurs. Tout en gardant en mémoire la roue chromatique, il joue avec les complémentaires. Ainsi pour reproduire le soleil en H-Alpha il travail « à l’envers » en couleur verte.
Pour la Lune, il se sert de papier noir, de pastels et de l’estompage. Il réalise ainsi des gommages précis à l’aide d’une plaquette métallique percée.
Pour les étoiles filantes, le domaine de prédilection de Michel, il faut avant tout être bien installé pour dessiner chaque trace avec leur position exacte en ajoutant l’heure, leur direction et leur sens et un certain nombre d’informations comme, couleur, magnitude, fumée, son etc ....
Avec le pastel, sa discipline préférée, il travaille presque toujours sur papier noir et conseille de s’arrêter à un certain niveau de base dans la reproduction, car parfois on dispose de peu de temps.
Il allie en permanence l’art à l’astronomie, démontrant l’asymétrie du cerveau droit et du cerveau gauche. Ses dessins sont d’abord des relevés très précis, avec une rigueur scientifique puis il complète ensuite avec sa touche artistique ajoutant par exemple un paysage ou des personnages en premier plan.
Il réalise beaucoup d’observations de chez lui, dans le Var. Mais vous risquez de le rencontrer sur les routes en compagnie de sa femme Jannik dans leur « California ». N’hésitez pas de leur parler d’astronomie et d’art graphique.
Imprimer les planètes en 3D
Le GAPRA (Groupement Astronomique Populaire de la Région d'Antibes) vient d’acquérir pour ses animations scientifiques une représentation du système solaire assez originale puisqu’elle est imprimée en 3D. Son créateur, Vincent DUCHENE, nous parle de ce projet.
« La demande était assez simple, il fallait que ce soit le plus grand possible, tout en étant pas trop lourd, facilement transportable, car ce serait un support pédagogique pour les animations qu'ils ont l'habitude de faire très régulièrement, et très bien. »
Vincent a été initié à l'astronomie depuis son plus jeune âge grâce à ses grands-parents. Puis il y a une dizaine d’année il a investi dans du matériel d’observation en s’orientant très rapidement vers l'astrophotographie, vous pouvez voir ses photos sur astrobin.
Il aime conjuguer les côtés créatif et manuel, « j'ai toujours bricolé, que ce soit le bois ou autre ». Puis son côté "geek" l’a amené à l'impression 3D. Un ami astronome lui demande de lui imprimer un masque de tri-bathinov pour le télescope de l'association du Gapra. Un coup de main gratuit qui lui permis de se lancer dans cette activité, et créer tout récemment sa petite entreprise Azur3Dprint.
Pour cette représentation du système solaire il est parti d’un modèle de fichier pour impression 3D que l’on peut trouver sur des sites de vente ou de partage comme Cults3d ou Thingiverse.
« Le principal reproche que je ferais à ce modèle est le manque de "réalisme". En effet le créateur n'a appliqué aucune texture. Tout est lisse point barre. Du coup j'ai cherché et récolté toutes les images possibles en haute définition principalement sur un des sites de la Nasa avec les photos entières des planètes ».
Ensuite via un procédé de lithophanie, il a reproduit les divers modèles du fichier d'origine en prenant soins de garder les tailles originales car elles sont à l'échelle (taille, pas distances). Pour le mettre aux dimensions voulu elles ont été agrandies à 350% du modèle original.
Le plateau de la représentation fait 70cm de long sur 49cm de largeur et 5cm d'épaisseur. Les anneaux de Saturne font 38cm de diamètre, et la terre un peu moins de 2cm.
« j'ai récupéré une image HD du soleil dans son intégralité. Mais là il a fallu que je crée une sphère de plusieurs mètres de diamètre, pour avoir la même portion de soleil du modèle original. Puis appliquer la texture et enfin recouper exactement avec les mêmes angles et proportions que le modèle original pour qu'il s'intègre parfaitement dans le socle ».
Pour finir chaque élément a été peint à l’aérographe et au pinceau, en prenant comme référence les mêmes clichés déjà utilisés. « J'ai essayé de m'en rapprocher le plus possible en respectant au mieux les teintes».
crédit image: Vincent DUCHENE
Le résultat est magnifique, son auteur conclu humblement « Cela n'a pas été très compliqué à faire, mais très long en fait ».
Cette démarche rejoint celle de Pierre Bonhomme qui réalise des maquettes animées afin de participer à la vulgarisation des phénomes planétaires avec le Club d'Astronomie Nuits Magiques auprès des jeunes et du grand public.
Épilogue
Nous avons pu mieux découvrir la représentation du ciel par le dessin et l’aquarelle lors des rencontres de Clamensane (04), organisées par l’ACF (Astro Club de France). Nous remercions son président et ses membres pour leur accueil et leurs partages..
L’ACF a été créé par Pierre Bourge, astronome amateur et véritable vulgarisateur de cette activité : « Trente années de pratique de l'Astronomie populaire et d'amateur avec le souci majeur d'intéresser les débutants et les esprits curieux m'ont prouvé que cette science ne peut réellement pénétrer dans les masses que par l'application de méthodes actives : observation directe du ciel, d'abord à l'oeil nu puis à l'aide d'instruments élémentaires faisant appel à des solutions simples. Cette approche pratique est la seule qui permette au plus grand nombre d'observer des objets et phénomènes célestes, en s'aidant éventuellement de la photographie et de quelques autres techniques».
Parmi ces techniques le dessin bien sûr.
Ressources complémentaires
Les premiers dessins astronomiques https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27astronomie
S’initier au dessin astronomique https://www.avex-asso.org/dossiers/wordpress/fr_FR/dossiers-pratiques/divers/le-dessin-astronomique
Technique dessin astronomique https://www.observation-et-imagerie.fr/technique/astronomie/html/dessin_astronomique.html et https://www.san.asso.fr/observat/dessin/dessin.php
Un article de l’Observatoire de Paris sur l’observation du soleil https://lesia.obspm.fr/L-observation-du-Soleil.html
Sur Pierre Bourge http://www.astrosurf.com/luxorion/astroamateur-bourge.htm